Il est toujours très instructif de regarder comment les entreprises se comportent face aux erreurs ou à l’échec. Les réactions sont révélatrices du mode de fonctionnent et de la culture de l’entreprise. Elles traduisent également une notion de rapport au monde… Avez-vous le droit à l’erreur ?
Les différentes réactions face au droit à l’erreur ou l’échec en entreprise
Le cas des entreprises traditionnelles
Dans l’entreprise traditionnelle plusieurs cas de figures se présentent :
L’erreur n’est parfois tout simplement pas détectée, dans ce cas là le droit à l’erreur est implicite mais les bénéfices de ce droit sont perdus par ce qu’on ne s’est aperçus de rien. De manière générale on navigue à vue en enchainant erreurs et échecs discrets qui finissent immanquablement à amener à un échec ou une erreur plus grave dont les conséquences, pour le coup, seront visibles et néfastes pour la société.
L’erreur est parfois dissimulée, la peur de commettre une erreur induit un comportement de protection individuel qui consiste à éviter que l’erreur soit découverte.
La peur associée est à la hauteur de la sanction que l’on envisage ou imagine.
Un climat de culpabilité règne souvent dans ce type de structure et la mauvaise ambiance qui va avec. On y retrouve généralement une profonde appropriation du travail, c’est la tache, le travail d’untel, les ventes d’un autre. .. A chaque succès, on retrouve un sauveur bien identifié, avec des discours du style « Grâce aux programmes de Brian nous avons pu… » et bien sûr les mêmes phrases en sens inverse « c’est la vente de Paul qui nous mets en difficulté… ».
Ces entreprises ont souvent mis en place des fonctionnements inconscients à base de Bouc Émissaires. Cette tendance à chercher des coupables et les rendre responsables de tout est un moyen que le système, c’est à dire l’entreprise en tant que groupe de personnes, à trouver pour se protéger et éviter de se remettre en question. Les symptômes sont souvent les suivants, un fort turn over, des ponts d’or offerts aux externes et nouveaux arrivants et un climat interne tendu à base de délation et sanction. Ces comportements sont bien sûr toxiques pour l’entreprise et pour les salariés et les changer n’est pas forcément facile. La prise de conscience de ce type de fonctionnement est souvent un bon début pour revenir à un cercle plus vertueux.
Le cas des entreprises du type « Lean »
Depuis l’avènement du « toyotisme » dans les années 60 au japon, puis des méthodes « Lean », le droit à l’erreur, est considérée comme une chose naturelle.
Elle arrive régulièrement et l’important n’est pas de trouver un responsable, c’est de la détecter de manière à pouvoir analyser ses causes. Il ne s’agit pas de juste corriger ou réparer les problèmes, mais bien de trouver leurs sources et de modifier les processus pour que cela ne se reproduise plus.
On voit alors éclore des organisations qui fonctionnent sur une base de cercles d’amélioration continue, l’erreur est devenue la chose à abattre mais plus la personne qui en est peut être à son origine.
On a le droit à l’erreur, l’essentiel étant qu’une même erreur ne se reproduise pas plus d’une fois.
L’échec globale n’est toutefois pas souhaité et l’on va tout faire pour anticiper, prévoir pour éviter l’échec. Les fameux indicateurs (KPI), sont là pour indiquer comment l’on doit gouverner le bateau entreprise.
Le rapport au monde, l’échec et l’apprentissage
Depuis les travaux de Jean Piaget sur le développement de l’intelligence chez l’enfant on a vu apparaitre la notion d’entreprise apprenante dans les années 1990.
On a alors découvert que l’erreur était notre plus grande source d’apprentissage, elle est même le seule moyen de rétroaction que nous offre l’environnement.
Lorsque qu’un enfant apprend à marcher, il se cogne, tombe et ainsi acquiert la bonne façon de marcher. A l’inverse, si on le prive de cette capacité à explorer le monde jusqu’à ses limites, l’acquisition de certains réflexes nécessaires à notre développement peuvent être définitivement perdus.
Ils n’existe pas de manuel pour apprendre à marcher, pas plus que l’on peut mettre son enfant dans une boite de coton jusqu’à sa majorité. En environnement complexe, la seule solution passe par l’expérimentation, l’échec, la prise en compte des données reçues de celui-ci et la persévérance.
Les entreprises libérées ou agiles et le droit à l’erreur
Certaines entreprises agiles l’on bien compris, je vous invite à aller voir cette vidéo où vous découvrirez le rapport à l’erreur chez SPOTIFY (en anglais).
Ici le droit à le droit à l’erreur devient quasiment un devoir. Tout les projets sont réalisés avec l’idée d’échouer le plus rapidement possible, ils appellent cela le « FAIL FAST ».
Au même titre que l’enfant, aveugle des dangers que représente sont environnement, se déplace, tombe et apprend, ces entreprises cherchent à échouer et apprendre de leur environnement en s’y confrontant le plus tôt possible.
Bien sûr comme pour l’enfant, certaines précautions s’avèrent nécessaires. Un petit bobo n’est pas grave, mais il faut éviter la chute sévère et ces entreprises vont essayer de supprimer le gros danger en mettant l’équivalent de la barrière en haut des escaliers.
Ils considèrent même qu’un projet sans erreurs est un projet qui n’a pas réussi, car cela prouve que l’on a pas pris assez de risques.
L’échec même d’un projet dans son ensemble, son abandon ne sont pas non plus un problème, vu que l’on s’y sera confronté tôt, l’échec n’aura rien couté.
On préférera même échouer plutôt que choisir. Quand deux possibilités s’offrent à eux, ces structures ne vont pas perdre de temps à essayer de convaincre qui que ce soit de la meilleure des solutions. Ils mettront en œuvre les deux solutions et ne garderons que celle qui a survécu dans le temps.
L’erreur n’est plus la chose à abattre, mais bien la chose recherchée, car en définitive, l’erreur ou l’échec ont bien plus de valeur que le succès.
De plus les solutions misent en œuvre sont d’une robustesse incroyable, puisqu’elles auront traversé avec succès un environnement hostile.
L’erreur et l’échec sont ici vu comme un moyen de développer la résilience, le droit est l’erreur est donc un droit fondamental.
A méditer…
Vous avez des questions ou des besoins, n’hésitez pas à nous contacter
Contactez-nous
Retour au dossier : Agilité dans les organisations